De l’autre côté

Jean roulait trop vite ce jour-là. A la sortie du virage, en travers de la route un camion qu’il ne put éviter. Un choc... fatal !

Un long couloir, éclaboussé d’une lumière blanche, où Jean avançait doucement vers une invisible issue. Enfin une immense porte à double battant l’accueillit avec toute la solennité divine des sonneries de trompettes qui ont jailli à cet instant. L'entrée passée, Jean put découvrir un paysage merveilleux : des vergers, des bois, des vignes, des prairies, des champs, des montagnes à perte de vue. Et dans ce décor de carte postale, des bêtes, autrefois sauvages, gambadaient aux côtés d’êtres humains de toutes races, de tous ages, de toutes conditions physiques. Jean voyait devant lui une multitude d’humains, d’animaux et de végétaux qui, ayant eu une vie terrestre à d’autres époques, se trouvaient maintenant réunis dans cette autre vie.

Il se sentait un peu perdu. S’il était au paradis, ne devrait-il pas se présenter devant saint Pierre ? Un petit vieux qui passait par-là allait peut-être le renseigner :

- Dites-moi, mon ami, y-a-t-il un bureau d’accueil, ici ?

- Ça dépend, vous étiez croyant ?

- Non, pas vraiment.

- Que représentait alors la mort pour vous ?

- Et bien, je n’y avais jamais trop pensé. Mais je n’ai jamais cru qu’il puisse y avoir un paradis… parce qu’on est bien au paradis ici, non ?