Amour minéral

Il était magnifique. Un véritable Apollon. D’ailleurs, il devait en être la reproduction. En effet, la statue représentait grandeur nature un homme… pas totalement nu. Une petite cape cachait ses épaules et il avait une sorte de casque sur la tête. Pour le reste, tout était apparent. Ses pectoraux, son ventre, son sexe, ses cuisses. Il avait tout ce dont une femme peut rêver. Ah ! Ces grecs, ils savaient magnifier l’être humain. Cette statue, dès que je l’ai vue chez ce brocanteur, j’ai pensé « il me la faut. » Elle irait très bien dans le jardin, au bord du petit bassin. Ainsi, je la verrai depuis la fenêtre de ma chambre. Elle me fera rêver à l’homme perdu récemment. Certes, mon homme n’était pas aussi beau, mais son souvenir s’affinerait, s’embellirait. Bientôt, ce serait Apollon que j’aurais épousé. Mon mari perdu dans ce stupide accident, puis retrouvé dans la pierre, immuable, éternel. Je vieillirai mais pas lui, et peut-être dans l’au-delà le retrouverais-je alors ainsi...